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Éducation

Nigeria: l’insécurité et les enlèvements contre rançon menacent la rentrée scolaire

16 septembre 2021
Temps de lecture : 4 minutes

Pays le plus peuplé d’Afrique, le Nigéria compte près de 20 % d’enfants non-scolarisés dans au monde. Le Nord du pays compte deux-tiers des élèves illettrés. La situation d’insécurité grave dans le pays complique d’avantage l’accès à l’école des enfants nigérians. Des groupes criminels armés sèment la terreur depuis des années dans le nord et le centre du Nigeria. Ces derniers opèrent des enlèvements de masse dans les établissements scolaires et universitaires. Selon l’ONU, au moins 1.000 enfants ont été enlevés dans des écoles depuis le début de l’année.

Selon un communiqué de l’Unicef publié ce 15 septembre, 20 attaques ont été perpétrées contre des écoles, plus de 1.400 élèves ont été enlevés et 16 sont morts au Nigéria. C’est après de nombreuses négociations et le paiement de rançons que la plupart des élèves ont été libérés. Mais jusque-là, 200 d’entre eux ne sont toujours pas retrouvés.

Les enlèvements et attaques dans les écoles sèment la crainte, les étudiants refusent d’aller dans leurs salles de classe et plusieurs parents refusent de laisser leurs enfants prendre des risques. Dans certains états, les autorités avaient décidé de fermer écoles et universités à cause de l’insécurité. Plus grave encore, à cause des attaques croissantes du groupe armé extrémiste contre des bâtiments publics, des institutions éducatives et des communautés, les rentrées scolaires avaient déjà été retardées par les autorités des Etats du nord-est par le passé. Ce qui risque encore de se répéter cette année. «Les familles et les communautés craignent toujours de renvoyer les enfants dans leurs salles de classe en raison de la vague d’attaques d’écoles et d’enlèvements d’élèves», déclare l’Unicef.

Les enfants Nigérians risquent de rater les cours cette année

Selon l’Unicef,  au moins un million d’enfants nigérians risquent de rater l’année scolaire et académique 2021-2022 à cause de la menace de violence, d’enlèvements massifs et des attaques qui visent les étudiants . La rentrée scolaire se fait souvent en septembre et plus de 37 millions d’enfants nigérians sont concernés. Le représentant de l’Unicef au Nigeria, Peter Hawkins déclare que : « cette année, ce moment est volé à environ un million d’enfants nigérians, car l’insécurité menace leur sûreté et leur éducation ». Les États du nord-ouest et du centre du pays font face à l’insécurité depuis plusieurs années. Cette insécurité se traduit par des violences entre les communautés d’éleveurs et d’agriculteurs nomades à cause des terres et de l’eau, le pillage des villages avec vol de bétail et les enlèvements contre rançon. Mais les bandits ont changé de cible. Désormais, des écoles et des collèges dans le nord-ouest du Nigeria sont régulièrement attaqués et les élèves sont enlevés et cachés dans la forêt en attente du  paiement d’une rançon.

Les enlèvements contre rançon, une affaire rentable

Les enlèvements contre rançon se sont multipliés pour atteindre un niveau de menace grave pour l’éducation dans le pays. Même s’il n’y a pas de chiffres officiels selon l’AFP, à la moitié de l’année 2019, on comptait 685 enlèvements pour une moyenne de 7 par jour. De décembre 2020 à mars 2021, plus de 600 élèves ont été enlevés alors que 300 autres se faisaient enlever quelques jours auparavant et étaient libérés. Les enlèvements contre rançon suscitent beaucoup d’inquiétudes. De nombreux observateurs expliquent cette situation de plusieurs façons. Certains accusent les autorités, estimant que c’est la faiblesse des infrastructures de sécurité et les gouverneurs qui ont peu de contrôle sur la sécurité dans leurs états qui en est la cause. D’autres disent que la police et l’armée sont contrôlées par le gouvernement fédéral qui ont fait des enlèvements massifs une source de revenus lucrative.

D’autres observateurs disent que la violence et l’insécurité ont aggravé les défis économiques auxquels sont confrontés les citoyens du premier pays exportateur de pétrole d’Afrique. Et que le pays fait difficilement face à une baisse des revenus due à une chute des prix du brut aggravée par l’effet de la pandémie COVID-19.

 

À propos de l’auteur

Eric lega