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Société

Fait du jour/Société : A la rencontre des femmes en charge de leurs familles

11 juin 2022
Temps de lecture : 4 minutes

Dans la société tchadienne, il n’est plus à démontrer que certaines femmes se battent pour prendre leur destin en main. Le quotidien de ces dames est rempli de souffrance et difficultés, pour satisfaire les besoins de leurs familles. Qu’elles soient dans les activités formelles ou informelles, elles ne se lassent pas de prendre en charge la famille.

Deneram Solange, la quarantaine, assise sous un arbre, est entourée de ses clients. Cette femme vend les légumes et du poisson fumé depuis une dizaine d’années pour pourvoir aux besoins de sa famille. Interrogée sur son quotidien et ses charges familiales, Solange devient du coup triste. Elle s’efforce alors à raconter son histoire émaillée de combat. « Je me débrouille à travers ce commerce pour prendre soin de mes orphelins. Je suis veuve depuis 2012 avec 6 enfants à ma charge et un petit fils, en plus je suis dans une maison en location. Je n’ai personne pour m’aider. Parfois je fais des faillites dans mon commerce mais j’arrive à me relever. C’est vraiment difficile, puisque je souffre au jour le jour.  Depuis que mon mari est décédé, je n’ai eu sa pension que trois fois après avoir reçu le capital de décès, parce qu’on ne s’est pas marié légalement ».

Deneram Solange affirme par ailleurs être récompensée de ses sacrifices car ils ne sont pas vains : « Ce qui me soulage dans cette souffrance est que trois de mes enfants ont fini leurs études et travaillent. Mon fils ainé est devenu médecin et me soutient aujourd’hui dans mes charges, la deuxième est notaire dans son propre cabinet et le dernier est un superviseur au niveau de Airtel. Actuellement je me retrouve avec trois de mes enfants toujours à ma charge et mon petit-fils.  Ils n’ont pas encore fini leurs études mais j’ai foi en Dieu qu’ils réussiront comme les autres ».

Allahrassem Frédéric, lui, est âgé d’une vingtaine d’années et est titulaire d’une licence en droit politique.  Témoin des efforts et des sacrifices consentis par sa maman Nelem Alice pour la réussite de ses études, il se dit très fier et reconnaissant envers toutes ces femmes qui se battent jour et nuit pour que leurs familles ne manquent de rien. « Je suis le 4e d’une famille avec 3 filles sous la charge d’une maman pendant une trentaine d’années et qui continuent à le faire. Elle a su tout assurer pour nous en nous inscrivant dans des bonnes écoles privées jusqu’à l’université, et c’est le lieu de la remercier. Si nous avons tous les 4 nos licences aujourd’hui c’est grâce à ses efforts, ses sacrifices, son courage et son abnégation. Elle se bat toujours pour nous.  Elle est une brave femme. Pour moi elle est plus qu’un homme. Elle est toujours présente même pour sa grande famille ». 

 Allahrassem Frederic ajoute que les femmes qui se soucient vraiment de leurs familles et jouent le rôle des hommes sont rares dans la société tchadienne : « Il y a de ces femmes qui se battent plus que les hommes dans le foyer et qui sont encore plus responsables que les hommes. Ces femmes sont rares de nos jours et les hommes qui ont ces femmes doivent être fiers d’elles. » 

La majorité des hommes interrogés sur la prise en charge familiale par les femmes soutiennent que cette responsabilité incombe premièrement aux hommes, qui doivent assurer leur rôle de chef de famille pour ne pas que les femmes souffrent. Ils les interpellent à soutenir et à encourager toutes les femmes qui prennent la charge de la famille s’ils n’ont pas la possibilité de le faire. Les efforts de ces femmes sont à saluer conclut -il.

À propos de l’auteur

Ronel Gloria