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Culture

Culture/Rencontre – Emmanuel ROTOUBA MBAIDE : « La jeunesse doit penser à changer le visage de sa société »

23 mars 2022
Temps de lecture : 5 minutes

Nous vous emmenons à la rencontre d’un réalisateur tchadien , cinéaste et comédien de théâtre. Il s’appelle Emmanuel ROTOUBA MBAIDE , auteur du film « Massoud » qui sera bientôt en salle. Dans ce film, le cinéaste met en exergue la problématique des jeunes qui se font enrôler par des groupes terroristes et détruisent leurs communautés. Mais aussi le rôle de la jeunesse dans la construction et le renforcement de la paix.

Emmanuel ROTOUBA MBAIDE est un jeune tchadien talentueux. Il vit au Burkina Faso, le pays des arts, depuis 20 ans. Il a mené une carrière de comédien au théâtre avant de poursuivre ses études de cinéma au Burkina Faso, où il a rencontré de grands cinéastes français et africains tels Valery Kaboré, l’actuel ministre du Burkina Faso, Abdoulaye Dao et feu Idrissa Ouédraogo .
Après ses études, Emmanuel ROTOUBA MBAIDE a mené une carrière d’assistant-réalisateur qui lui a permis de travailler avec le grand cinéaste tchadien Mahamat Saleh Haroun sur ses trois derniers films intitulés  : «  Un homme qui crie », « Gris, Gris » et «  Lingui ».

L’artiste est un voyageur. En France, il a fait du théâtre pendant des années. En 2005, il a travaillé sur « écriture d’Afrique », un projet qui a réuni quatre auteurs contemporains et joué par des comédiens d’Afrique francophone.
Durant son parcours d’étudiant, le cinéaste tchadien a également réalisé des courts métrages et « Bipolium H12 », l’une de ses réalisations, a eu la mention spéciale du Jury au FESPACO 2011. Cette œuvre réalisée au Burkina Faso a permis à Emmanuel ROTOUBA MBAIDE de passer du titre de comédien de théâtre à celui de réalisateur. Au-delà, le cinéaste écrit également des séries télé et des longs métrages. Le dernier long métrage de fiction du réalisateur intitulé : « Massoud » sera bientôt en salle. Le contenu de ce film raconte l’histoire d’un jeune étudiant qui a pour modèle le commandant Ahmed Chah Massoud , l’Afghan. C’est un intellectuel qui a quitté son village pour aller faire des études en ville, un étudiant en sociologie. De retour dans son village, ce jeune se voit confronté à des problèmes de radicalisation et n’a pas résisté à l’oisiveté de la jeunesse. Un drame va changer le cours de sa vie. Face à la pression des forces de défense et de sécurité qui par inadvertance assassinent son ami sourd-muet, et la sensibilisation des chefs djihadistes qui recrutent les villageois, le jeune Masoud se laisse emporter et se radicalise. Il rejoint les djihadistes et il a pour mission d’assassiner l’imam de la mosquée de son village qui est de connivence avec les forces de défense et de sécurité. C’est un imam modéré qui prêche la paix et qui ne veut pas d’un islam radical. Le jeune Massoud abandonne sa mission, car une fois au village il se rend compte que l’imam en question est… son père !

A travers ce film, Emmanuel ROTOUBA MBAIDE veut transmettre un message de paix. Ce film est une sorte d’ode à l’amour. « Malgré les scènes de violences, de tristesse et de désolation racontées dans ce film, ce que je veux transmettre c’est juste le parfum de l’amour. Je me dis que le cœur de l’Homme est l’endroit de Dieu et on le prêche dans toutes les religions. Mais si cet endroit de Dieu est infecté par le diable, finalement c’est le Diable qui prend le dessus et toute l’humanité devient sujette à manipulation du diable », résume l’auteur du film. « J’ai ramené l’amour dans le noyau familial parce qu’il doit pouvoir naître dans la profondeur même de notre cercle familial avant de s’étendre sur l’humanité. Et si on essaye de travailler dans ce sens, l’humanité sera en paix et non en guerre », dit-il .

Au-delà de ce phénomène d’enrôlement des jeunes dans les groupes terroristes, le cinéaste tchadien insiste sur le rôle de la jeunesse dans la construction et le renforcement de la paix. Pour Emmanuel ROTOUBA MBAIDE, les jeunes ont l’obligation de répandre l’amour, afin de préserver l’avenir des générations. « La jeunesse est le pilier de toute société. Elle marque le futur d’un monde, mais si elle n’est pas éduquée et si elle n’entretient pas la paix, nos enfants hériteront d’un monde cruel, où il y aura plus le vivre-ensemble ».

L’artiste demande à la jeunesse tchadienne de jouer son rôle pour développer son pays : « la jeunesse ayant cette force, cette fougue de se mouvoir doit penser à changer le visage de sa société ».

Interrogé sur cette jeunesse qui ne s’intéresse pas à la politique, Emmanuel ROTOUBA MBAIDE estime que la jeunesse a mieux à faire que de s’engager dans la politique politicienne. « Cette politique où on monte une communauté contre une autre, où on n’inflige les dogmes n’arrange aucune nation. On fait de la politique pour servir la communauté et non pour se servir », conclut le réalisateur et cinéaste tchadien.

À propos de l’auteur

Ronel Gloria