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Sur la prévention de l’extrémisme violent dans les pays du G5 Sahel et du sahel.

13 décembre 2018
Temps de lecture : 10 minutes

 

 

Radio Ndarason Internationale a reçu le week-end  dernier Mamadou Samaké, expert au secrétariat permanent  du G5 sahel. C’est à l’occasion du 5èmecolloque de validation du guide régional sur la prévention de la radicalisation et de la lutte contre l’extrémisme violent.

Mahamat Ali Mouta : Que représente le 5ème colloque pour les pays du G5 Sahel ?

Mamadou Samaké : Ce colloque de N’Djamena était très attendu par les pays membres du G5 parce qu’il porte sur une problématique extrêmement importante pour l’ensemble des pays du G5, mais aussi la région du Sahel. Il s’agit de la question de la radicalisation et de l’extrémisme violent. Nous savons tous, que l’ensemble de nos pays sont frappés  par des actes terroristes à cause de la propagation de cette radicalisation et du  développement de l’extrémisme violent. Cela dit, qu’ils ont des effets sur l’ensemble des segments de la vie de nos sociétés. Que ce soit sur le plan économique, le plan culturel ou le plan social. Il y a toutes ces questions de marginalisation, problèmes d’emploi des jeunes qui, poussent très souvent des gens livrés à eux-mêmes, donc qui n’ont pas de travail, à répondre très facilement aux sirènes des terrorismes venues d’ailleurs. C’est pourquoi,  nos pays ont décidé, compte tenu de la dimension transnationale du phénomène, il n’y a de solutions  et de stratégies possibles que, dans une démarche concertée entre les pays.

Mahamat Ali Mouta : Comment prévenir l’extrémisme violent ?

Mamadou Samaké : Pour prévenir violent, il faut d’abord comprendre les facteurs de la radicalisation. Comme je vous le disais, il y a divers facteurs. Par exemple, la marginalisation des jeunes, le chômage, l’oisiveté qui livre les jeunes de la région aux appels des terroristes. Un peu d’argent, une moto, ça suffit quelque fois pour les enrouler. Ça veut dire qu’en ce moment-là, en tant que pays, mais aussi en tant qu’organisation sous régionale, il faut développer des politiques publiques, pour prendre en charge, de façon efficace les problèmes des jeunes. Ce qui fait que, au niveau du G5 Sahel, nous avons commencé à intégrer la stratégie des jeunes du G5 Sahel. Nous avons déjà fini l’aspect conceptuel : c’est-à-dire définir le cadre de la stratégie intégrée à partir des insuffisances constatée dans la stratégie nationale. Nous sommes actuellement en train de travailler de travailler  sur la deuxième partie qui consiste à identifier un portefeuille de projet. Donc bâtir le plan d’action qui va avec la stratégie intégrée. Il va y aura une troisième phase qui sera de passer à la mise en œuvre des programmes et projets identifiés précisément pour essayer de créer de l’emploi dans des zones spécifiques notamment les zones frontalières ,dans les domaines porteurs comme  l’élevage, l’agriculture, les bâtiments et travaux publiques en mettant particulièrement l’accent sur les travaux à haut main d’œuvre intensif. Ça veut donc dire, que c’est à partir des politiques publiques que vous pouvez faire face à ces questions identifiées comme la question de la jeunesse pour ilfiner et pouvoir répondre de façon préventive  au développement de l’extrémisme violent. Ayant compris que le phénomène n’épargnait aucun pays et que la solution ou la stratégie devait être nécessairement au niveau transnationale, les 5 pays du G5 en association avec la mi-Sahel et Inowas ont dans un premier décidé de l’élaboration d’une stratégie régionale concernant les pays du G5, pour faire face à la radicalisation et l’extrémisme violent. On n’avait donc décidé d’organiser une série de colloques à partir d’octobre 2016. Le premier s’est tenu à Bamako. Ce premier colloque, a consisté à faire l’Etat des lieux et à s’interroger sur l’ensemble des facteurs de radicalisation. Je vous ai parlé longuement de l’emploi des jeunes et de la marginalisation, mais il y a des facteurs liés à l’instrumentalisation des religions, il y a des facteurs liés à la notion d’appartenance à une communauté donnée. Quelque fois, il y a même des réflexes tout simplement. Les gens n’ont pas de perspectives et pas d’avenir. Vous avez des terroristes qui viennent pour leur proposer un peu d’argent pour se marier ou acheter une moto. Et ils pensent que leur vie est transformée. Donc les causes de la radicalisation ont été passées en revue. En suite chemin faisant, à Niamey, lors du 2ème colloque nous nous sommes rendu compte que ce n’était pas forcément une bonne idée de vouloir faire une stratégie unique pour tout le monde. Ce qui apparaissait un peu comme une espèce de  camisole  de force. On n’a donc changé d’option. Nous avons décidé d’aller de la stratégie régionale initiale, à un document cadre d’orientation plus souple dont les pays vont s’inspirer pour bâtir leur propre stratégie. Chacun en fonction donc, de sa spécificités propres. Voilà pourquoi nous sommes passé de la stratégie en tant que tel, à un document cadre d’orientation. Pour finir le travail, on n’a donc engagé un consultant qui devait, nous aider pendant que nous, travaillions sur le colloque. Au niveau de Ouagadougou et Nouakchott il y a eu deux autres colloques. Nous avons engagé à partir du colloque de Ouagadougou un consultant qui devait nous sortir le narratif de ce document cadre d’orientation. Et le colloque de N’Djamena, avait pour but précisément de travailler sur les propositions faites par le consultant, bien entendu qui avaient été  examiné par notre comité directeur, qui suivait tous le processus d’examiner et de valider le document cadre de stratégie. Voilà pourquoi c’est extrêmement important ce colloque là aujourd’hui à N’Djamena. Et le colloque a effectivement validé  le document cadre en tant que document stratégique, mais aussi comment on peut passer au plan d’action dans les pays qui vont s’inspirer de ce document cadre pour élaborer leurs propres stratégies et même en donnant des annexes qui donnent des mesures précises à mettre en œuvre dans les différents pays pour assurer la prévention de l’extrémisme violent.

Mahamat Ali Mouta : Aujourd’hui le Niger et le Tchad sont tous confrontés aux problèmes de Boko Haram comme les autres pays du Sahel. Quel est la similarité, de ces deux régions ?

Mamadou Samaké : Alors je vais donner une réponse un peu plus globale. Lorsqu’on a démarré le processus, on partait sur les 5 Etats du G5 Sahel. Mais en même temps, on a changé de stratégie pour dire qu’on va partir, vers un document cadre d’orientation. On n’a dit qu’il faut ouvrir la démarche à tous les pays, qui connaissent ce phénomène de la radicalisation et de l’extrémisme violent. Vous avez parlez du Tchad et du Niger qui sont avec nous au G5. Mais l’étude a concerné d’autres pays  à savoir, le Maroc, le Sénégal, le Nigeria, la Libye  et la guinée qui ne sont pas des pays membres du G5 Sahel. Et l’idée c’est de dire que le document d’orientation qui va sortir devrait devoir être utilisable y compris par ces pays.

Mahamat Ali Mouta : Alors pourquoi par ces pays ?

Mamadou Samaké : Parce que si vous regardez le Maroc, ils ont une certaine habitude de gérer les questions d’extrémisme violent. Ils ont une certaine expérience la dedans. Ils ont par exemple en matière de prospective, beaucoup de centres de recherche qui ont travaillé sur ces phénomènes. Nous parlons beaucoup de l‘extrémisme violent et la radicalisation, mais on ne savons même pas  la signification et ne nous s’entendons même pas sur les définitions. On ne connait pas forcement les causes. Voilà un pays comme le Maroc a beaucoup des centres de prospective et qui a travaillé sur la question et qui peut nous aider à bien connaitre la nature et les conséquences du phénomène. Un pays comme la Libye, je n’ai pas besoin de faire un dessein, les conséquences de ce qui est arrivé dans ce pays ont eu des conséquences extraordinaires sur des pays comme le Mali, un peu moins le Niger. La guinée est un pays voisin du Mali. Le Sénégal est un pays voisin de beaucoup de pays du G5. Et le cas de Boko Haram est une preuve palpable et bonne illustration de ce que lorsque, les terroristes sont dans une frontière, ils peuvent passer très rapidement la frontière et aller dans le pays voisin. C’est l’une des raisons pour lesquelles le G5 Sahel a été mis en place pour créer la solidarité entre les pays et éviter que les terroristes qui interviennent ici la nuit, puissent trouver refuge le lendemain avec gîte et couvert dans le pays voisin. Voilà pourquoi ces pays sont concernés au premier chef par ces questions.

 

Mahamat Ali Mouta : Quel  rôle doit jouer les hommes religieux dans la prévention de l’extrémisme violent et la radicalisation ?

Mamadou Samaké : Ce n’est pas la religion en tant que tel qui est un facteur de radicalisation. C’est le fait qu’il y a des extrémistes qui manipulent et instrumentalisent la religion. Le rôle des leaders religieux, c’est de pouvoir faire des prêches  allant dans le sens de déconstruire le discours des extrémistes. Parce quand on parle de djihâd, c’est près que  noble pour un musulman. Quand on parle de djihâd c’est une façon d’être soit même. Alors que lorsqu’on entend djihadiste, c’est tout de suite les forces du mal. Donc ce n’est pas une bonne interprétation de la religion.  Nous comptons sur les leaders religieux pour prêcher le vrai Coran. Dire véritablement ce qui se trouve dans le Coran. Parce que l’Islam est par essence une religion de tolérante. Donc si vous faite des prêches avec des radios comme les vôtres ou on explique aux gens le véritable sens du coran ou on leurs explique que tel ou tel chose venues de la part des extrémistes ne reposent sur aucun fondement, mais c’est une manière de travestir en réalité les préceptes de la religion, ça peut nous aider à freiner le développement de l’idéologie des terroristes.

Mahamat Ali Mouta : Quel appel avez-vous à lancer aux populations du Sahel et du Bassin du Lac Tchad ?

Mamadou Samaké : De façon générale, à toutes les populations, c’est d’abord de faire attention aux sirènes des terroristes. Savoir que s’il y a des problèmes, il y a normalement un Etat qui est là pour pouvoir les régler. Mais ça suppose que l’Etat aussi joue son rôle.

 

Mahamat Ali Mouta : Merci Mamadou Samaké

Mamadou Samaké : merci Mahamat Ali Mouta

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