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Économie

La crise de Boko Haram impacte sur l’activité du secteur de la pêche au Lac Tchad

18 janvier 2021
Temps de lecture : 3 minutes

Le constat a été révélé par l’Institut des Etudes Sécuritaires (ISS). Selon cet institut, les pécheurs de la province du Lac Tchad sont privés de leur seul moyen de subsistance.

Les interventions pour faire face à la menace de Boko Haram ont largement ignoré son impact sur l’activité économique des conducteurs de bateaux touchés depuis 2015, rapporte l’Institut des Études Sécuritaires (ISS). Avant la crise de Boko Haram, des générations de conducteurs de bateaux ont contribué à l’économie du Tchad avec la circulation des personnes et des marchandises. Chaque semaine, des pirogues remplies de centaines de personnes et de marchandises (poisson fumé, maïs, blé, peaux de vache et de chameau, entre autres), quittaient Bol et Baga Sola au Tchad, en direction de Baga Kawa au Nigeria. ISS indique que sur le chemin du retour, les canoés transportaient des produits alimentaires, notamment des pâtes, du riz, de l’huile, des boissons gazeuses, de la farine de blé, du sucre, du thé, ainsi que du savon et des détergents, des cosmétiques, des pagnes, des vêtements et du ciment. Ces produits manufacturés approvisionnaient une grande partie du Tchad. À partir de 2009, la violence dans le nord-est du Nigéria s’est progressivement étendue aux pays riverains du lac Tchad. Cette situation a rendu difficile le déplacement pour les conducteurs. En 2015, après la première série d’attaques et d’attentats à la bombe sur le sol tchadien, les frontières lacustres avec le Cameroun, le Niger et le Nigéria ont été fermées.

L’abandon du trafic pour une reconversion, très difficile voire impossible

L’Institut révèle que les conducteurs de bateau qui ont été confrontés à des embuscades de Boko Haram autour du lac ou ont été témoins du meurtre de leurs collègues, ont finalement abandonné la route vers Baga Kawa. Beaucoup ont essayé de se tourner vers l’agriculture mais ils n’ont pas accès à la terre. La fermeture temporaire des frontières terrestres comme mesure de lutte contre la pandémie de COVID-19 a également exacerbé ces difficultés. Cette situation affecte particulièrement les économies de Bol et Baga Sola (province du Lac), deux villes situées sur les rives du lac Tchad qui dépendaient largement du commerce inter-lac avec le Nigéria. ISS appelle à la réouverture des frontières et à la sécurisation du Bassin du Lac Tchad. Des moyens de subsistance alternatifs pour les conducteurs de bateaux doivent être trouvés et soutenus, l’agriculture et la pêche étant les options les plus prometteuses. Ils auront besoin d’aide pour accéder à la terre, aux fonds et aux moyens de production nécessaires pour prendre pied dans ces activités. Une réponse efficace doit être inclusive et répondre aux besoins des victimes de la crise de Boko Haram au cours de la dernière décennie. Les laisser sans moyens alternatifs de survie les rend également vulnérables au recrutement par des extrémistes violents et d’autres auteurs de violence.

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